INUTILITE DE LA CONSTITUTION
Quand nous entendons notre empereur-président jupitérien (du tout) parler de la mise de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) dans la constitution, sommes-nous rassurés ? Quelle protection la constitution accorderait, s’i y en a une, à cette avancée pour les femmes ? Là est la question. Beaucoup parmi nous pensent que la constitution garantit ce qu’elle contient et rend inattaquable les droits qu’elle octroie. Quelle erreur ! Sans être constitutionnaliste je peux vous garantir le contraire et j’en ai pour preuve un exemple tout frais de décision du conseil constitutionnel qui me donne raison !
Comment nous casser les « Bure »
Tout d’abord le problème (voir article du Canard Enchaîné du 1er novembre, page 8). Des associations écologistes avaient interpelé le conseil constitutionnel dans une question prioritaire de constitutionnalité concernant le site d’enfouissement destiné à stocker les déchets des combustibles nucléaires utilisés par nos centrales. La question reposait sur le sentiment étrange des écologistes qui pensaient, naïvement, que la charte de l’environnement de la constitution empêchait ce type de fait. Pourquoi ? Parce que dans cette charte il est écrit que les choix technologiques « ne doivent pas compromettre » les droits environnementaux des générations futures. Or les écologistes prétendent que cela n’est pas respecté dans le cadre de la mise en souterrain, profond de 500 mètres, de quantités énormes de déchets radioactifs pour les milliers d’années à venir.
Maintenant la solution. Le 27 octobre dernier, la semaine passée donc, notre fabuleux conseil constitutionnel, présidé par le responsable mais pas coupable Laurent Fabius, a donc décidé. Le conseil reconnait que cet enfouissement est « susceptible de porter une atteinte grave et durable à l’environnement » mais « en même temps » le « motif d’intérêt général » défendu par le gouvernement permet de déroger de façon « proportionnée » aux principes constitutionnels établis par la Charte de l’environnement. Je ne vous infligerai pas les débats concernant la durée de la réversibilité du site fixée à 100 ans, soit des milliers de fois moins que la durée de la dangerosité des déchets. Non, ce qui m’intéresse, c’est l’esprit, la forêt cachée derrière l’arbre.
Bafouer la constitution est un métier
Dans 100 ans nous serons ad patres pour bon nombre d’entre nous, mais nos enfants et leurs enfants à eux ainsi que leurs suivants, devront jouer avec nos déchets à une espèce de roulette russe où il ne manquerait aucune balle dans le barillet. Ces membres du conseil constitutionnel se moquent de nous, de nos progénitures. Ils règlent nos problèmes à la petite semaine en évitant de se mouiller, ils envoient la patate chaude à leurs successeurs, pas les prochains mais ceux des siècles à venir avec une inconséquence et un mépris de l’humain que seuls les politiciens professionnels sont capables.
A quoi sert la Charte de l’environnement ? A rien ! Vous en avez la preuve par ceux-là mêmes qui devraient la défendre, ils sont même grassement payés pour cela. Alors pourquoi avoir une constitution dite inviolable et base d’une république saine et juste si on l’interprète en fonction de besoins quotidiens. Car il s’agit bien de cela, le site de Bure sera plein dès son ouverture et nous devrons à nouveau creuser un joli trou pour les déchets à venir en faisant jouer encore et toujours « un motif d’intérêt général ».
Conclusion
N'est-ce pas l’intérêt général de défendre la vie des générations futures et pourquoi nos problèmes d’aujourd’hui devraient leur gâcher leurs vies de demain ? Et cet intérêt n’est-il pas majeur eu égard à nos problèmes de stockage ?
Alors en ce qui concerne l’IVG, Mesdames, je suis désolé, vraiment navré, mais je dois vous dire que le motif d’intérêt général existe déjà et vous l’avez entendu sur vos radios, vus sur vos écrans. C’est la dénatalité. Comme il faudra toujours des pauvres pour que les riches vivent et vice versa nous devons faire des enfants et si « l’intérêt général » le demande on suspendra « provisoirement » le droit constitutionnel qui vous a été si difficilement donné (et rarement appliqué comme un droit par certains médecins). Reste à savoir si l’IVG en sera la seule victime ou devons-nous nous attendre à un détricotage de notre constitution au profit de ces messieurs (avec une minuscule) ? Comme le dit le journaliste du Canard Enchaîné : « rendez-vous dans 200 000 ans pour voir le résultat.
A très bientôt,
François.
A bon entendeur, devenez sourd…