PIEGE GROSSIER
Pendant que notre empereur inaugure la cité internationale de la langue française des centaines de morts à Gaza sans que ce même grand chef ne demande un cessez-le-feu. Il est évident que tous les coups de communication sont bons juste avant un débat sur l’immigration dans nos assemblées bien inutiles. Que ce soit l’intégration de l’interruption volontaire de grossesse ou la langue française, ce ne sont que des pièges, le premier pour la gauche et le second pour la droite. On en verra les conséquences très vite quand nos élus voteront sur le rejet à la mer des migrants, non ?
Cessez-le-feu, pourquoi ce silence ?
Tout d’abord parce ce que le « en même temps » de notre Mamamouchi, Macron 1er, fait que nous sommes à la fois pour les bombardements des Israéliens et la défense des Gazaouis. Quel grand écart, il est d’une souplesse étonnante ! Il ne s’agit pas de prendre parti président, il est question ici d’assumer vos responsabilités de successeur des fauteurs de trouble qui ont créé Israël sans penser quoi faire des peuples qui habitaient la même région que les Israélites.
C’est l’occident chrétien qui a décidé unilatéralement de donner un territoire aux uns et pas aux autres via les Nations Unies, qui ne sont d’ailleurs unies qu’entre pays riches depuis toujours. Alors ce qu’il faut faire c’est juste rappeler l’histoire et faire en sorte de montrer un peu plus d’équité dans nos décisions.
Notre lâcheté, qui s’est faite remarquée par la collaboration durant la dernière guerre, notre culpabilité vis-à-vis d’un peuple qu’on a laissé massacré par les nazis en tournant notre regard ailleurs, ce sont ces choses-là qui nous obligent à défendre l’indéfendable des bombardements israéliens tout en soutenant du bout des lèvres des Palestiniens en quête d’un lieu de vie paisible. Il ne suffit pas de battre notre coulpe ou nous auto-flageller, il faut mettre en œuvre les preuves de nos regrets. Pour cela il faut être équipé de courage ce que notre classe politique dans sa globalité est très loin de posséder.
Nous pouvons le faire en demandant à Israël de respecter les résolutions de l’ONU d’une part, ils n’en ont respecté aucune, et faire un embargo des produits israéliens tant que ce ne sera pas réalisé. Et d’autre part lier les aides aux Palestiniens à la cessation des combats et des attentats. Comme d’habitude, c’est l’argent qui fera avancer cette lamentable affaire. Je dis souvent que la paix n’existera que lorsqu’elle rapportera plus d’argent que la guerre. Ce n’est pas gagné !
Les trappes macroniennes
L’IVG comme la langue française ne sont des fumigènes lancés devant les yeux mi-clos des politiciens et la population qui est complètement aveugle depuis longtemps et indifférente à son propre avenir. Je n’accuse pas « les gens », je constate simplement que peu d’entre nous réfléchissent et essaient de comprendre quel est le parcours que nos dirigeants nous réservent.
Pour ma part, l’introduction de l’IVG dans la constitution ne sert à absolument rien. La constitution est modifiable sans problème lorsqu’on a une majorité et je ne doute pas que si cela devait arriver, nos bien-pensants de droite et d’extrême droite, la différence est de moins en moins grande, feraient plaisir aux plus intégristes d’entre eux, comme Netanyahu ou Trump l’ont fait avec leurs extrêmes droites. Cette constitutionnalisation de l’IVG n’est que de la poudre aux yeux pour contenter les derniers socialistes, quelques écologistes et les féministes afin de les récupérer dans les rangs de la majorité, tout ceux qui n’ont pas encore officiellement trahis leurs idéaux.
En ce qui concerne la langue française, pourquoi vouloir sanctuariser quelque chose de vivant ? Si la langue vit et suit un chemin que peu entrevoient, ne doit-elle pas se réserver le droit d’évoluer ? En revanche ce qu’il faut protéger c’est le sens des mots. Vous n’êtes pas sans remarquer que les définitions des mots sont à géométrie variable. Que l’on crée des mots nouveaux, en fonction de l’évolution des mœurs et de la société, je le comprends aisément. Mais pourquoi changer les sens des mots existants ? C’est lorsque le vocabulaire est rendu incompréhensible que la pensée peut disparaître.
Je vous donne un exemple, l’anarchie. Pour tout le monde maintenant l’anarchie est le désordre, la décadence de la société sans foi ni loi. Même dans Wikipédia l’étymologie garde ses droits : « Le terme anarchie provient du grec ἀναρχία / anarkhia, composé de an, préfixe privatif : absence de, et arkhê, commandement, pouvoir, autorité ». L’absence de pouvoir n’est pas le désordre, regardez la Belgique qui a vécu plusieurs mois sans gouvernement, ça n’allait pas plus mal et peut-être un peu mieux. Et si vous étudiez l’anarchie vous constaterez qu’il n’y rien de plus et mieux organisé. Pourquoi ? Parce l’anarchie repose sur l’autodiscipline de ses adeptes, ils sont responsables aux yeux de tous, comme aux leurs, de leurs comportements et en répondent devant les leurs. Seules des personnes responsables peuvent devenir anarchistes.
Dernier exemple : l’apocalypse. Là Wikipédia nous dit l’étymologie de ce mot avec renfort d’explications : « Du grec ancien ἀποκάλυψις, apokálupsis, nom grec signifiant « action de révéler », dérivant lui-même de apokaluptein, « découvrir » ou « dévoiler ». ἀπό apo (« de » ou « qui provient de ») préposition et préfixe, qui indique l'éloignement, le détachement, etc. (cf. ab en latin). Alors quand des journalistes analphabètes vous disent que les bombardements de Gaza sont une véritable apocalypse, ils sont à mille lieues du vrai sens de ce mot. L’apocalypse est la découverte, le renouveau ou la révélation de quelque chose de neuf, d’inconnu jusqu’au jour de l’apocalypse justement.
Il faut donc préserver le sens de nos mots avant de vouloir sanctuariser quoi que ce soit. Ceci n’empêche pas de créer les nouveaux que nos activités nécessitent puisque notre langue est, pour l’instant au moins, encore vivante. Sans sens commun donné à nos mots, comment pourrons-nous nous parler et échanger ? Comment pourrons-nous penser ? Le but de nos gouvernants, sans tomber dans le complotisme, ne serait-il pas de nous retirer cette capacité de penser en nous semant le trouble dans les sens de nos mots, ce qui devient l’essence de nos maux. Les moutons sont plus faciles à garder que les êtres pensants, me semble-t-il.
A très bientôt,
François.
A bon entendeur, devenez sourd…